Contre-jour

Contre-jour

 

La vague ourle sans cesse
La plage et défait son ouvrage.
Stoïque, sur son rocher promontoire,
La mouette joue le garde-pêche.
Le soleil diffus fait mousser les crabes
Échoués sur la grève. Vert d’ombre
De l’océan panaché de blanc. Infatigable,
La mouette attend son heure sous l’écume.
La ligne d’horizon a avalé la baie, brume bleue
Striée de liserés rosés. Saint-Nazaire est noyée,
Par ses miasmes, aspirée. La marée se fait belle.
De sa puissance, elle lave le granit noir. La roche
Se laisse lécher par cette langue vorace qui claque
Du fond de la gorge du géant. Une nuée de culbutos
Flottante navigue en piquant du bec. C’est l’heure
De la curée ! Seule, la mouette sur son rocher,
Immobile, affronte les paquets de mer qui lessivent
La roche. Attend-elle le retour de son bien aimé ?
À contre-jour elle se dessine, proue de navire
En partance sur l’océan brillant. Elle se tourne parfois
Et regarde vers la terre, avant de reprendre sa veille,
Vigie d’écume écharpée. La vague arrache au sable
Les goémons desséchés et recrache une bouteille écrasée.
Je saisis le crachat et le porte en poubelle. La mouette
Se fait baigner. C’est une thalasso mouette ! Ou bien,
Croit-elle devenir sirène en l’attente de la vague suprême
Qui l’emportera vers les hauts fonds ? Mystère. Je ne saurai.
L’astre s’est enfui. Le vert d’ombre bruit. La brume levée,
Saint-Nazaire renaît au loin. La plage se vide. Bel ensemble.
Spectaculaire du mouton docile qui va vers l’heure définie.
Les mouettes crieuses s’abattent. Elles prennent possession
Des lieux, sans égard pour les égarés délaissés par le troupeau.
Elles planent et rasent le sable chaud en quête de reliefs oubliés.
Le ciel s’habille de ventres blancs. Les culbutos font la poule
Hochant du bec à l’unisson. La mer est haute. La mouette,
Toujours…

 

Zibelyne le 3 septembre 2012

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