Mon dernier discours à Christian Briand

Christian est parti hier, dans le vent. Je crois qu'il n'était pas parti avant. Avant ces cendres répandues, qui marquent la fin du bal. Christian, tu restes sur le piano à nous regarder, je te vois !

 

 

À Christian, notre ami qui nous a fait la belle, comme ça, une pirouette dans l’au-delà, sans emporter l’indispensable… Nous l’avons aujourd’hui porté : un bon vin doublé d’un pâté, car un épicurien ne peut s’esbigner sans besace bien remplie.
N’oublions pas le fromage, morceau de roi s’il en est ! Car si l’homme, par nature, est volage, toujours il adorera le parfum de l’Époisses, le goûtu d’un Vieux Lille et le sauvage d’un Saint-Maure, oublié !
Christian, tu as en dette envers nous. À courir droit devant, on oublie ses arrières. Voici que tu nous laisses, là, comme de vieilles chaussettes ! Mais c’était oublier que tes amis, les vrais, ne te laisseraient pas éclipser la lumière de tes yeux, ni ton sourire joyeux. Nous en sommes dépositaires, et nous les garderons, là, bien au creux de nos cœurs.
Tu n’as pas eu vie facile. Les hérauts n’ont pas claironné de canton en canton d’illusoires sagas. Non. Tu as choisi la voie qui était tienne, loin des vanités, et proche de la vérité. Rares sont ceux qui savent toucher du doigt l’essence de ce qui est. Tu étais de ceux-là, et en ce sens, ton absence n’est pas vaine.
La richesse du cœur est un vaisseau qui traverse les temps. J’espère me retrouver un jour à son bord, pour qu’autour d’une table nous devisions gaiement, autour de bonne chère et d’un verre de bon vin.
Là, à l’irisé qui enfle sous le roulis cristallin, au travers du carmin qui fleure bon le tanin, nous partagerons le pain, mais délaisserons le Boursin !
Je ne sais pas quand la barque nous y mènera, mais au pays des fantastiques, des bourlingueurs de la vie, nous serons avec toi ! Garde un fauteuil pour Maryse, et pour ceux qui, déjà, te manquent. On arrive, Christian, on arrive !
Le temps, là-bas, a cessé de courir. Nous, petites fourmis, avons encore moult choses à bâtir… Alors, bon voyage, Christian, nous ne serons jamais loin.

 

Zibelyne le 29 janvier 2013

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