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Monsougris et les sorcières de Saint-Georges est publié

Monsougris et les sorcières de Saint-Georges est disponible au prix de 16 euros chez Monty-Petons Publications !


montypetons.publications@gmail.com

montypetonspublications.wordpress.com


Un livre palpitant, riche d'histoire,et d'amitiés par la mise en scène d'amis écrivains dans la distribution des rôles.


Monsougris, le héros, est arrivé de son errance chez l'auteure, Ève Zibelyne,  après l'écriture du livre. C'était bien lui, sorti du néant, venu chercher repos auprès de celle qui l'a glorifié. Les yeux diamant...

Le professeur Jagriva, c'est Java. Mademoiselle Lalouette, c'est Lalou et Madame Laurine, Laureline. La petite Lili et Roudoudou sont eux aussi bien réels. Viandox, est Yoxigen, Monsieur Marktout, Jean-Marc, Monsieur Lecerf est Jeff, etc. Tous n'ont pas leur alter ego, mais chacun des personnages a une empreinte déclenchée par une réalité. 

De sombres personnages animent le suspense et les chats sorciers œuvrent avec les ventrues, des araignées, pour le rétablissement de la justice. 

De l'humour, des séquences graves ou difficiles, de la tendresse, tous les ingrédients sont réunis dans 288 pages pour tout public.


 

Ce livre est incontestablement mon préféré...

 

J'ai laissé quelques épisodes un peu au hasard, pour vous donner un aperçu du sujet, mais vous n'aurez la suite que lorsque le livre sera sorti !

 

On est à mi-chemin entre le roman et le conte fantastique. Pas fantastique au sens de l'étiquette accolée à un genre, ce n'est pas mon genre de coller à quelque chose. Fantastique, au sens de l'histoire que l'on découvre en filigrane pour rebondir dans le présent, et des personnages, dotés de pouvoirs magiques.

 

Mélusine n'est pas loin... les chats valent bien les hommes et d'étranges alliés se joignent à leur combat.

 

Du donjon du Foulque à Montbazon, en passant par Luynes, l'action s'en va vers Saint-Georges sur Cher, où une école de jeunes filles accueille des personnages hauts en couleur.

Episodes 1 à 38 Copyright France.com n° U5EX1C5

Episodes 39 à 41 Copyright France.com n° U5EX1C6

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Commentaires: 8
  • #1

    Lalou (lundi, 14 mai 2012 06:50)

    J'ai rattrapé mon retard, j'avais 2 épisodes pas lu mais ça y est je suis à jour et j'attends la suite ce soir? Bises et merci pour ce magnifique conte.
    Lalou

  • #2

    Zibelyne (lundi, 14 mai 2012 19:16)

    Merci ma copine ! Ils ne s'effaceront pas, je sais combien tu es occupée. Bises ma belle, la suite est en ligne !

  • #3

    Laureline (mardi, 22 mai 2012 20:01)

    Quel beau chien ce Rintintin, je vois que madame a des références télévisuelles ;)

  • #4

    Zibelyne (mardi, 22 mai 2012 20:07)

    Pauvre chien galeux... sa carrière tire à sa fin ...

  • #5

    Lalou (dimanche, 27 mai 2012 01:48)

    Il est fini le Rintintin, telle est sa punition, un de moins à qui le tour!!

  • #6

    Lalou (dimanche, 03 juin 2012 01:29)

    Je viens de rattraper mon retard, Monsougris se dévoile, Lili est dans la conféssion! Ca va barder!

  • #7

    Ysée-Louise (dimanche, 15 juillet 2012 23:28)

    AAAAAAAAAAAAAAAAAhhhhhhhhhhhh, j'adoooooooooooore!!! Bon, ma Lalou, je t'adore aussi,mais qu'on se mette d'accord tout de suite, c'est moi la plus grande fan de notre Zibelinette...ou alors toutes les deux exaeco, je veux bien, à la limite...

  • #8

    Eve Zibelyne (mardi, 14 août 2012 13:46)

    Bon, battez-vous les filles, moi je fais l'arbitre !

Monsougris
Monsougris

1. Monsougris est revenu

Monsougris et les sorcières de Saint-Georges

Le soleil s’est couché bien tard sur le Cher. Les crapauds ont ouvert le bal dans les joncs et l’onde résonne des ragots de la journée. Une brume chaude de pluie d’été pourrit l’air.

Monsougris est revenu…

La nouvelle court sur les nénuphars. Monsougris est revenu !

Ploc, ploc ! les crapauds fuient les berges devenues, l’espace d’un instant, flaques de panique, inhospitalières.
Les verts-boueux rejoignent l’île formée par les bras de la rivière.
Le conseil des sages se forme. Monsougris ! La terreur est de retour !

Les berges restent figées dans la brume, silencieuses. Couvre-feu, tous sont aux abris.
Tout ce qui ne nage pas est diablement menacé. Souris, musaraignes, insectes sont entrés sous terre dans leurs galeries, prêts pour l’état de siège.
Silence absolu, rien ne bouge. Le vent lui-même s’est tu et la cime des grands arbres veille, immobile.
Les oiseaux ont gagné les buissons de l’île d’un coup d’aile, froissant l’azur lavé d’une retirade frénétique. Las, céder à la panique peut devenir lourd de conséquences.

Personne n’a vu choir une plume noire de Gabin la Corneille. Gabin est un vieux de la vieille, un déplumé qui s’approche des rivages incertains de l’après.
Depuis près d’un quart de siècle, il ravage les champs de maïs, mais aucun paysan n’a jamais pu le piéger.
Il a conduit ses hordes au pillage en valeureuse corneille, et sous son ère, la tribu a proliféré en paix, clamant sa supériorité du haut des futaies.
Même les crapauds ne pouvaient rivaliser en puissance, et pourtant, il s’en fût, de nombreuses soirées à coasser et croasser de concert.
Les crapauds se consolaient en se disant qu’ils chantaient mieux et plus longtemps, envahissant la nuit de répétitions sans fin. Mais aussi fort que la bande à Gabin, ils ne le pouvaient.
Les deux factions avaient étendu leurs pouvoirs sans limites sur les eaux de Saint-Georges sur Cher, jusqu’au jour où Monsougris avait fait son apparition.

Qui n’a pas connu Monsougris ne peut pas connaître le danger.

2. Arthuse

Il était né à Luynes, de Carpette son père et d’Arthuse sa mère. Carpette, de passage sous un balcon, tenait son nom de la mésaventure qui l’y avait surpris.
Un chien, un certain Gribouille, un inconséquent King Charles lui avait chu sur le poil, lui brisant deux pattes et le laissant aplati comme un vieux paillasson.
Les gens de cette maison l’avaient soigné et recueilli pour le remercier, et c’est ainsi qu’il rencontra Arthuse, la chatte de la voisine.
Arthuse avait un port de reine. Une belle féline noire aux yeux diamant qui trouaient la nuit comme des lanternes. Elle les tenait d’une ancêtre de Salem, qui les tenait de sa maîtresse, sorcière de son état.
Belamor était son nom, fort inapproprié puisqu’elle dut embarquer en hâte avec chats et bagages pour éviter le bûcher.
C’est ainsi que la lignée d’Arthuse s’établit en Berry, pays des légendes où Belamor se prit de changer de nom pour tirer parti de son art.
Moulinotte devenue, elle voyagea du Berry en Touraine en passant par la Saintonge, et devint fort célèbre avant de donner naissance en Vendômois à une enfant, Élisabeth.

Le cours de l’histoire pouvait enfin changer. La lignée se poursuivrait.

La sorcière perdit la raison quand sa fille unique fut conduite au bûcher par son époux. Son destin l’avait donc poursuivi ! Mais, durant ces années de sursis, elle avait eu le temps de préparer sa vengeance.

Ses chats sous sa coupe devenaient sorciers, usant des pouvoirs de sorcellerie de leur maîtresse par leurs yeux diamant.
Des yeux travaillés de main de maître, façonnés, taillés, magnétisés, ensorcelés avant de venir, enchâssés, remplacer les pupilles des matous à peine sevrés.

Ces yeux diamant voyaient tout, savaient tout, et pouvaient vous tailler en pièces d’un feulement.
Leurs griffes rétractiles étaient devenues rasoirs, leurs canines démesurément épointées faisaient le morse et leur éclat blanc sur le pelage noir avait de quoi donner le frisson.

Le Foulque les fit brûler avec son épouse.
Cette nuit reste gravée dans l’histoire ; le donjon de Montbazon en pleure encore des larmes de sang et certains soirs de lune, les esprits miauleurs hurlent férocement leur soif de représailles, annonçant le retour des yeux de diamant.
La sorcière ne cessa de proférer des imprécations en langues tout aussi diverses qu’incompréhensibles. On raconte que les cendres chaudes parlaient et jetaient des éclairs. Ceci a duré plus de neuf jours.

6. Rescapée

Les yeux diamant ont été brûlés vifs au bûcher du Foulque

Une jeune chatte pelotonnée sous l’ombre d’un grand pin, se réchauffant sous les feuilles mortes avait échappé à la rafle.
L’animal impuissant est resté neuf jours et neuf nuits tapi sous sa couche. Ses yeux diamant entrouverts ont tout regardé. Ses oreilles dressées ont tout entendu. Ses dents retroussées ont mordu la terre sous la douleur et les miaulements de ses frères et sœurs.
Ce jour-là, Arthuse est devenue guerrière-sorcière. Tous ses descendants se transmettraient désormais son nom, celui de sa mère qui périt brûlée en lui miaulant ses dernières incantations tandis que son père Monsougris maudissait la contrée pour plus de mille années.
Car les pauvres bougres terrés derrière leurs volets n’avaient rien fait pour les sauver.
Eux que Moulinotte soignait, eux que les yeux de diamant aidaient, chassant bravement les énormes rats dévoreurs de récoltes, eux, avaient eu peur et étaient restés au pied du bûcher, immobiles, respirant l’atroce odeur de chair carbonisée, reculant devant les éclairs de sang jaillissant des corps dévorés par les flammes.
Seule, une fillette éplorée parvint à échapper aux articulations blanchies de terreur. Ce fut elle qui reçut à pleine figure l’imprécation dernière d’Élisabeth et les flagellations de chairs crépitant. Une rigole de sang. Essuyée du doigt, porté à la bouche. Étincelle.

15. Le père Gâtine

Monsougris grandit seul, chassant impitoyablement les nuisibles. Il devenait grand et fort. Haut sur pattes, son cou musclé et ses oreilles dressées, le galbe de ses cuisses, la puissance de sa détente lui valaient nombre de compliments admiratifs.
Comme Arthuse, il gardait les yeux mi-clos, s’autorisant leur lumière intense pour glacer ses proies dans la nuit.

— Il y a des farfadets dans les douves ! clamait le père Gâtine en frappant le sol de sa canne .
Le diable est revenu, moi j’vous l’dit ! Si point vous n’y voyez, moi pour sur j’le sais ben, le diable est revenu !
Les gens riaient à la folie douce du vieux et hochaient la tête pour lui faire plaisir.
— Des feux follets, répliquait le pharmacien.
— Des pets des troglodytes, s’esclaffaient les ivrognes !
— On n’a pas vu le diable depuis des siècles, se moquait l’instituteur, croyez-moi, je me ferais un plaisir de l’inviter à dîner s’il m’en faisait l’honneur !

Le père Gâtine soufflait de colère, c’est comme ça que soufflait le diable les nuits de pleine lune. A près de quatre-vingt-quatorze ans, le grand-père avait toute sa tête, et il se souvenait des histoires contées au coin de la cheminée.
Aux soirs d’automne, les enfants s’asseyaient au coin de l’âtre dans les jupes des femmes. Tous dénoisaient , enlevant de leurs petites mains les bogues encore attachés aux noix ramassées aux champs tandis que les femmes ravaudaient.
 
Les vieux parlaient en mâchonnant le tabac séché au séchoir, et faisaient pétiller le feu de giclées de jus de chique jaune. Mais surtout, ils racontaient les vieilles histoires de sorcellerie qui captivaient l’auditoire.
Les enfants voyaient les sorcières et les farfadets dissimulés derrière les fagots de bois, les dragons cracheurs de feu et les lutins farceurs qui venaient la nuit vous tirer les couvertures et vous chatouiller les pieds.

20. Neuf chats, neuf vies, le sort se multiplie

Arthuse avait pris la route depuis trois bonnes semaines. Les chats suivaient sa marche en bon ordre. Ils s’arrêtaient souvent pour de longues siestes. Arthuse les mettait à profit pour explorer les alentours et écouter les nouvelles.
C’est ainsi qu’elle sut ses plans découverts. La venue de Monsougris courait, semant l’effarouchement, et les nuées de souris pressées de rentrer le grain témoignaient du sérieux de l’affaire.
Bien. Monsougris allait les occuper un moment, tout n’avait pas percé de ses projets.
Il avait donc goûté au sang humain ! Elle en eut quelque inquiétude. Comment savoir ce que ce sang souillé pouvait faire ? Jamais elle n’en avait goûté, toujours attentive à masquer son naturel guerrier.
Il avançait dans sa vie, elle devait en faire de même.
Neuf chats, neuf vies ! Des neuf jours de clameur, elle ferait neuf années de douleurs, neuf années par chat. Elle allait placer ses pions selon les plans élaborés tout du long des siècles derniers.
Quatre-vingt une années auxquelles s’ajouteraient le poids de sa vengeance et celle de Carpate qu’elle sentait en marche pour la rejoindre. Onze chats d’auguste lignée. Quatre-vingt-dix-neuf années de règne durant lesquelles la lignée reproduirait dans le monde entier.

Arthuse souffle un cri rauque vers le ciel. Les oiseaux se réfugient au sommet des arbres et le temps semble se figer. Silence.
Arthuse miaule farouchement sa haine des hommes.

 

26. La basilique Saint-Martin

 

Au matin du lendemain, Arthuse avait repris la route, laissant sur les halles de Tours un mâle de la portée.
La Murène l’appela Maigre, et elle s’employa à remplumer cette carcasse puissante qui avalait toutes les parures de son étal.
Donner à un chat un nom de poisson ! Maugréait la Roustineuse au banc voisin. Attention ! Que ta bête ne vienne pas fourrer son museau chez moi ou je te l’engourdis sur le champ !
Mais Maigre avait d’autres arêtes à fouetter.
La basilique Saint-Martin l’attendait. La rue des halles bruissait de vie autour de l’édifice.
Là était venu l’assassin. Le Foulque avait pourchassé un malheureux jusque dans l’enceinte sacrée. Funeste décision qui ne lui fut jamais pardonnée.
Ce lieu qui avait résisté et fermé ses portes à la tyrannie du Néra, méritait protection, et Maigre y établit ses quartiers, à portée de nez du banc de poissons de la Murène.
Ses fosses abritaient moult rats d’égouts et chaque volée de cloches égaillait de gras pigeons dont certains s’égaraient entre les mâchoires impitoyables du chat. Il avait une prédilection pour cette chair chaude et ferme et ressortait de ses agapes hirsute, et emplumé de houppes grises du plus bel effet.
Mais ce que Maigre aimait par-dessus tout, c’était le son du bourdon. Il sonnait rarement, mais il éveillait en lui des sueurs inconnues et il vibrait à l’unisson des murs qui se fendillaient.
Ce bourdon répondait en écho à Christus, le bourdon de la cathédrale, enlevé manu militari par le préfet Lambert à l’abbaye de Cormery. L’abbaye orpheline pleure encore sa perte et si un d’aventure un Lambert passe sous ses arcades, les pierres ancestrales se détachent et roulent féroces derrière le malheureux jusqu’à l’Indre. La verte froidure se charge de rappeler pénitence à l’outrecuidant descendant…

39. Les chats ferrants

 

Les enclumes rouillaient dans les tanières du quartier des forgerons. Le coteau avait chu sur les toits de pierre emportant les terriers et leurs occupants.
Dans la masure dévastée du Souffleux, des lièvres gambadaient sous la table couronnée d’un monticule herbeux.
Les hommes n’étaient pas revenus, morts sans doute, mais qui s’en souciait ? Une chatte tigrée maraudait près de la cahute, une majestueuse descendante des derniers chats ferrants, épargnée par la malédiction. Un matou efflanqué le suivait partout. Oh ! Il n’avait rien d’un combattant, non ! Un dégénéré, un résidu de bouillon de forge qui avait échoué dans son passage à la vie. Le Boitilleux avait la sournoiserie vissée à l’âme, et elle lui avait sauvé la peau.
Il surveillait la lignée des yeux diamant lorsque les hommes avaient emporté la sorcière et ses chats. Lui seul avait entendu le sort jeté à la hâte par la femme ligotée. Les diables de fous l’avaient prise par surprise et avaient endormi les chats d’une potion. Ils les avaient saisis comme des peaux de lapin. Jetés dans un panier d’osier, ils n’avaient rien senti venir. Mais Belamor bêlait comme une chèvre noire qu’on égorge.
— Qui peut être assez bête pour ne pas enfouir la bouche de la maraude sous un bouchon d’étoffe ? Se disait le Boitilleux. Il méprisait la sottise des humains et étudiait avec attention leur comportement.
Fielleux il se glissa dans les pas des hommes, à bonne distance pour ne pas être attrapé.
Assuré de l’embarquement de la prise, il fila toutes pattes en l’air à la tanière du Souffleux et entraîna Charpie dans une improbable chasse au Rahut loin de Salem.
Son faible pour elle lui enjoignait de la sauver. Elle était si belle Charpie. Elle seule tolérait sa laideur de chat rossé.
La course fut longue. De Rahut, ils ne trouvèrent point. Le retour fut ardu. D’improbables monticules de glaise se dressaient en tous sens comme si la terre avait tremblé. Le cours de la rivière avait changé de trace et ses flots tumultueux charriaient boue et cadavres. Ils durent marcher, marcher à s’en user les coussinets avant d’entrevoir un passage sur les amoncellements d’arbres arrachés.
Charpie bondissait la peur au ventre. Jamais elle n’aurait dû s’éloigner si longtemps. Que s’était-il donc passé à Salem ?
Le spectacle d’épouvante qui l’attendait l’emplit d’effroi et c’est hystérique qu’elle se heurtât à l’évidence. La mort avait avalé Salem. La grande engloutisseuse avait mordu férocement, mais le plus étrange, c’était cette absence. Les humains s’étaient bien entassés en piles incongrues qui pourrissaient sous des nuages de mouches, mais pas de trace de chats. La bouche les avait-elle engloutis ?
Il n’y avait guère d’espoir qu’ils aient pu échapper à ce carnage.
Exténuée, Charpie dormait sur la table du Souffleux, ignorante des lapereaux gambadeurs.

Le Boitilleux veillait. Ses ennemis avaient pris la mer. Ses frères et sœurs de sang avaient péri. Charpie lui appartiendrait bientôt.
Ses moustaches atrophiées vibraient de plaisir. Il n’avait pas une once de remords, pourquoi en avoir ? La faim justifie les moyens, et il avait faim de Charpie. Une faim tenace qui le taraudait et le faisait sinistrement grimacer d’envie.

C’est ainsi que les trouva Béluze.

 

46 La mort lui va si bien

 

Nono s’agite. Sa mère nourricière en a usé plus d’un sur ses épaules et les zébrures en sont dessinées dans sa chair à jamais. Le benêt l’a trouvée morte dans le puits en remontant de l’eau. Le garde champêtre qui était là en est témoin. La marâtre flottait ventre à l’air que c’en était répugnant de gonflure. Le gamin en avait tourné de l’œil quand il s’était penché pour voir sur quoi butait son seau.
Il avait fallu trois costauds pour la sortir de là. Dieu merci, elle n’avait pas eu le temps de pourrir l’eau. Elle avait dû tomber le matin en puisant l’eau de sa toilette, car elle était en chemise. On ne s’était pas posé plus de questions. Le père était déjà au cimetière, on l’a mise avec et le Nono a repris la ferme. À quatorze ans, on sait travailler, et il avait continué sa vie comme si de rien n’était. Le seul changement avait été le bistrot. Enfin, il pouvait aller boire un coup sans risquer le fouet.
Le père Gastor tourne consciencieusement le pied de son verre entre ses doigts. À son âge, il a appris à composer et s’évertue à énerver la mère Pincemiche pour la faire parler. Ne plus lui prodiguer d’attention est le plus sur moyen…
Elle se décide enfin. La petite Lili, vous savez, celle qui est si gentille…
Celle de Madame Laurine ? Le père Gastor a saisi la balle au bond.
Oui, celle-là. Et bien, sa marque des Fées a disparu dans la même nuit, et…
Et ? S’impatiente l’assistance.
— Et, elle est devenue aussi grande que sa mère.
Un silence religieux. Des coups d’œil entendus. La Pincemiche les fait tourner bourrique.



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Commentaires: 3
  • #1

    Lalou (lundi, 21 mai 2012 20:32)

    J'adore!!!trop fort comme toujours ma Zib, mille bisous à toi!

  • #2

    Laureline (mardi, 22 mai 2012 20:24)

    hi hi, entre le Soupouri qui promène son cheval et le perçage de soie...tu t'en donnes à coeur joie et nous on rigole bien en te lisant!!! Merci pour les gentils personnages aussi ;)

  • #3

    Lalou (dimanche, 27 mai 2012 01:45)

    Les larmes de rire ça c'est certain!! Bienfait, na!